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En 1991, Dominique Janicaud faisait paraître un petit livre qui fit couler beaucoup d'encre sur Le tournant théologique de la phénoménologie française. Le constat y tournait à la critique. Se couvrant de l'autorité de la phénoménologie, un certain nombre de penseurs, et non des moindres, transgressaient la rigueur de son projet pour s'aventurer dans le domaine de la théologie. Paradoxalement la critique épargnait le plus théologien des phénoménologues français, Jean-Yves Lacoste, dont le premier ouvrage, Note sur le temps, venait de paraître. Son oeuvre en effet ne cesse de tenir ensemble les deux bouts de la chaîne : une intention clairement théologique (on lui doit d'avoir dirigé un Dictionnaire critique de théologie, de même qu'une Histoire de la théologie) et un point de départ résolument phénoménologique (ancré dans une constante lecture de Husserl et Heidegger). Rien n'y est perdu de la description de notre condition et de notre finitude, non plus que de notre vocation à voir Dieu. C'est ainsi que le « et » de phénoménologie et théologie se voit interrogé par quelqu'un qui est autant philosophe que théologien - ce qui, somme toute, n'est pas si courant, même chez ceux qui regardent des deux côtés de cette si simple et difficile conjonction de coordination.

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